Une page se tourne
Oui, une page se tourne. Mon aventure humaine se continue en solitaire...
Le week-end fut particulièrement chargé en émotions. Je ne voulais pas le montrer ni le faire ressentir aux gens que j'ai côtoyé, mais le besoin de parler se fait pressant. Plutôt discret, je n'aime pas beaucoup étaler mes sentiments. Trop sensible, peut-être... Soit je m'emporte, soit je pleure.
Depuis que je suis rentré de Norvège, entre larmes de joie et de tristesse, j'étais perturbé. J'ai du quitter des gens que j'ai appris à connaitre et apprécier sans retenue, alors que leur manifestations d'amour sont encore tellement présentes dans mon coeur, et depuis longtemps déjà, celle que j'aimais m'avait quitté... Plus rien n'est comme avant... "Des pansements sur une jambe de bois", comme m'avait dit un ami.
Le coeur meurtri par ces déchirures trop soudaines, l'âme en peine, je cherche refuge au fond de moi-même, mais la réponse se trouve dans la musique et l'écriture, tout du moins en ces instants. Je cherche dans tous les recoins de mon être les mots pour exprimer ce que je ressens, sans vraiment réussir à les poser sur un support écrit tel que mon blog. Tellement de sentiments me traversent, me transpercent de part en part sans que je puisse les retranscrire de la façon dont je le désire, sans que je trouve la meilleure manière de les révéler. Torturé par cette infirmité, cette peur de me dévoiler totalement, emmuré verbalement, c'est seulement lorsque le seuil critique de compréhension est dépassé que je parviens enfin à partager une part de moi-même, mais malheureusement, il est déjà trop tard. Peut-être ai-je peur de la confrontation, peur d'une part de moi qui, plus que passionnée, ne pourrait plus se contrôler et sombrer dans la méchanceté, seul mécanisme de défense en cas de confrontation directe.
Lyrique à la plume, mais muet de sentiments... J'ai toujours été timide, et la mort de mon père lorsque j'avais tout juste 21 ans m'a particulièrement affecté. Non pas que j'adorais mon père, nous avions un rapport un peu distant, mais je l'admirais. Il était lui aussi peu démonstratif en affection, mais il était intelligent. Quand il avait un but, il prenait toujours le temps de bien réfléchir puis une fois que tout était parfaitement calculé, il se lançait, et mettait du coeur à l'ouvrage. Il était apprécié par les gens qui le côtoyait.
Lorsqu'il nous a quitté, j'avais tellement de questions restées en suspend que je n'avais jamais osé lui poser, que j'avais à chaque fois repoussées à plus tard. Et cette fois, l'espérance d'obtenir des réponses s'était évanouie pour de bon.
Et pourtant, même cette expérience ne m'a pas appris à exprimer ce que je ressens à ceux que j'aime. Je leur montre qu'ils sont importants pour moi, mais j'ai toujours aussi peur de parler avec le coeur, de devenir celui que je suis vraiment, en quelque sorte. Alors je reste solitaire, je dresse une cloison autour de moi, juste assez hermétique pour ne pas avoir à trop me dévoiler. J'ai tellement peur de parler et de blesser les gens ou de casser quelque chose en eux... Je suis trop franc, trop direct, je n'arrive pas à appliquer une demi-mesure, à savoir être diplomate. Lorsque je m'exprime, c'est soit avec délicatesse, soit avec brutalité, au risque de faire du mal sans même m'en rendre compte. Et lorsque les gens qui sont autour de moi sont là pour moi, je me bloque, je me gène, j'ai peur de passer pour un fou, peur de dire quelque chose qui pourrait modifier leur appréciation de ma personne, qu'ils puissent changer d'avis, ne plus m'apprécier ou m'aimer... J'ai un besoin de reconnaissance, qu'on sache que j'existe, et pourtant, depuis plusieurs années, je me suis renfermé et j'ai de la peine à communiquer. Peur de changer les habitudes ? Peur de ne plus être aimé ? et malgré ces angoisses, je me renferme encore, jusqu'à en oublier les gens qui sont autour de moi, ceux-là même qui aimeraient en savoir plus, qui désirent partager mes joies et mes peines. A force de me montrer indifférent voire insaisissable par crainte de souffrir, les gens que j'aime s'éloigne de moi et deviennent eux aussi indifférent.
La phrase suivante, entendue un jour comme conclusion d'un épisode de série, résume bien mon état d'esprit : "La solitude, c'est dur, même avec plein de gens autour..."
Je n'ai jamais vraiment appris à me confier, et c'est aujourd'hui une souffrance que de ne réussir à m'exprimer que lorsque la situation a dépassé le point de non-retour. Maintes fois j'ai reproduit les mêmes schémas, et maintes fois j'ai perdu le contact avec des personnes que j'aimais :
Sindou, je te demande pardon pour t'avoir rendu indifférente à mon amour. La chose que je redoutais le plus a fini par arriver. Alors que j'avais tellement peur de te perdre, je n'ai rien su faire pour entretenir l'amour que tu avais pour moi. Je sais que tu ne désirais que mon bonheur, mais je n'ai pas su ouvrir les yeux au bon moment... Toutes mes excuses. Je te savais folle amoureuse de moi, ça remplissait mon coeur de joie et d'amour, mais je n'ai su agir pour entretenir la flamme qui t'animais. Tous les mots du monde ne sauraient exprimer ma tristesse face au vide que tu laisse en moi.
Lucile, pardonnes-moi de n'avoir pas réussi à surmonter mes démons lorsque nous étions ensemble. Je suis persuadé que tu voulais faire de moi quelqu'un de bien. Là aussi, je n'ai pas su voir l'amour que tu me portais et ton envie d'apaiser mes souffrances. J'avais les yeux grand ouverts, mais malgré cela, je suis resté dans le noir, sans voir la lumière que tu m'apportait.
Malina, tu me l'as dit il y a quelques jours : "on est des nouilles", et j'ai trouvé l'expression plutôt comique, même si elle résume bien la situation. Désolé d'avoir perdu le contact. Tu es ma meilleure amie, celle avec qui la connexion passait le mieux, j'espère de tout coeur que tu as gardé cet émerveillement de chaque instant pour les découvertes de la vie, c'est ça que j'aimais le plus en toi.
Steve, toi aussi tu fais partie de mes meilleurs amis, et comme un imbécile, je ne prend jamais le temps de demander de tes nouvelles. L'impression d'avoir toujours trop de choses à faire pour que ma situation s'améliore alors que la quantité d'efforts quant à mon travail n'est jamais proportionnelle à mes attentes. Je te prie de m'excuser, j'ai passé des moments excellent avec toi, et j'ai toujours eu l'impression que nous n'avions pas besoin de nous parler pour nous comprendre, un simple regard suffisait dès fois à exprimer notre amitié.
Jean-François et Jean, vous êtes mes meilleurs amis, merci de m'accepter tel que je suis et de tolérer mes défauts. C'est grâce à vous que j'ai surmonté bien des épreuves ces derniers temps et j'espère de tout mon être que je saurai faire de même si la situation s'inverse.
A vous tous, à tous ceux dont le nom ne ressort pas ici aujourd'hui mais qui m'ont accompagné dans la vie, à mon frère, à ma soeur, à ma mère, à mon père, à ceux qui m'ont apporté de la joie, et même ceux qui m'ont apporté de la tristesse, je vous en prie, acceptez mes plus humbles excuses pour ces années de silence, et mes meilleurs remerciements pour tous ces moments que nous avons pu passer ensemble. Je vous aime, parce que vous avez toujours voulu mon bien, vous avez toujours cherché à m'apporter du réconfort, chacun à votre manière. Je vous en prie, ne me jugez pas par mon manque de sociabilité, je me maudit déjà moi-même de vouloir toujours camoufler mes émotions pour sembler sans failles alors que mon coeur est rempli de fêlures. La seule manière me semblant adéquate pour extérioriser mes sentiments passe par l'écriture, même si j'appréhende le moment ou ce texte sera découvert, moment ou vous me verrez tel que je suis, tourmenté et nébuleux.
Je dédie ce billet à tous ces gens qui ont traversé ma vie, pour une durée plus ou moins longue, et qui désiraient indubitablement me connaitre, partager mes joies, mes peines et mes souffrances. Pardonnez-moi de n'avoir pas su m'en rendre compte. Je regrette de ne jamais avoir réussi à exprimer ce que j'ai au fond du coeur et de m'être enfermé dans mon petit monde si longtemps. Ma seule solution à l'heure actuelle est de le partager via ces quelques phrases, tout en ayant espoir et envie de changer, afin de pouvoir vous le dire à chacune et chacun un jour.
Enfin, je dédie ce billet en particulier à mon père qui me manque terriblement. Chaque jour qui passe, chaque regard dans les belles montagnes du Valais, chaque arc-en-ciel qui se dévoile sous mes yeux te rappelle dans mes souvenirs. Ton absence à laissé un vide dans mon coeur qui n'a pu être comblé. Mais j'ai la conviction que cette douleur saura s'apaiser, nous possédons chacun les outils pour nous battre et dépasser nos souffrances.
Je change, même si les circonstances actuelles sont difficiles à gérer. Une page se tourne, et la vie doit continuer.
J'ai encore besoin de vous tous, pour continuer à vivre et exister. MERCI d'être là.